30 octobre 2009
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" Sur la route du temps, chaque détour, chaque sentier de fortune, chaque bifurcation dérisoire prend l'importance de la vie qui se joue, là, sous les cieux les plus beaux d'être encore un peu inhabités, inhabituels, étranges étrangers aux nuages libres. J'aime à savoir que je marche là comme en quête de quelque chose qui un jour lointain s'est perdu pour ne jamais revenir, et j'aime à savoir que ma quête jamais ne prendra fin. Pas d'objet, pas de mansarde, pas de pierres ni de lacs qui puissent seulement arrêter mes pas. La marche se ralentit d'elle-même et le sol se fait plus doux là où il ferait bon se reposer. Mais le repos n'est bon que les yeux bien ouverts, et le sable des escales ne fait qu'enliser le monde de ses efforts pour qu'il ne tourne plus. Peut-être alors que je tourne en rond, moi aussi, coincée là pour quelque temps, incapable de n'en rien faire, et condamnée pourtant à n'en rien faire. J'espère encore que le chemin sera assez large pour y marcher ensemble - ou, s'il ne l'est pas, que nos routes se croiseront encore, et encore, et encore, que tu sois comme la bonne augure claquant dans les herbes toujours folles, que tu sois comme le gardien de leurs entrelacs compliqués et moqueurs, toujours dansant - toujours vivant. Sans doute un jour faudra-t-il mourir. Sans doute. En attendant l'envol, je joue à la marelle, sur la terre comme aux cieux en sautillant sur l'échiquier - fou du roi, rien ne va plus, la roue s'affole et tourbillone la vie comme une farandole - de ces airs qui ne sont joyeux parce qu'ils portent en eux toute la mélancolie des destinées courues d'avance.
Presqu'île