16 janvier 2021
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Le fragile, parfois, donne plusieurs minutes d’éternité : le poivre de la folie qui veut bien cesser de piquer la langue, un chemin sous le soleil, un parfum croisé au jardin et dont le vent qui tourne nous prive en se riant.
L’aurore qui n’annonce jamais que sa fin et pourtant se prolonge, gagne une seconde ou deux sur l’or du ciel, nous nomme vivants dans le silence, parle aux oiseaux.
La main fermée ouverte d’une toute petite endormie, le visage qui sommeille est mouvant comme des sables, rit, s’assombrit, s’apaise et se perd, en si peu de temps. Un mois de vie porterait-il des songes ?
Un pas familier qui résonne, ferme l’attente, une porte s’ouvre sur des bras qui entourent, reçoivent, et l’être enclos alors ne craint plus rien du monde.
Une écriture sur un papier laissé en coin de table. Un pull abandonné au pied d’un lit. Cette feuille froissée, cette laine en boule disent autant de qui regarde que de qui les a portés, écrits.
Les bruits infimes que fait la vie dans ces traces-là nous bâtissent aussi, mais friables, oubliables, étrécis.
L’urgence est de serrer les rêves, comme des poings.
Joëlle Pétillot