J'allais souvent courrir sur la petite route qui relie Chabeuil à Montvendre.
Intrigué par une plantation d'arbres aux diverses essences, je m'y arrêtai...C'est là que je fis la rencontre d'Annie.....
Elle me fit visiter le "Jardin des sables" et m'expliqua sa démarche.
J'étais enchanté mais ne savait comment m'exprimer, sûrement par pudeur....
J'ai donc écrit ce poême.
Je l'ai aussi dédié à ma Mère, et....aux jardiniers...
Le jardin de l'espoir
La dame au regard bleu avait croisé sa vie.
Jean lui avait parlé de richesses, de bontés,
Des hommes qui se trompaient à vouloir tout garder,
D'Orion et des étoiles dont le ciel est fleuri....
La terre qu'elle acheta fuyait en lit de sable.
Elle était sèche aussi, on le disait pour sûr.
Cent sous pour un endroit dénué de verdure,
Pour des arpents déserts aux aspects misérables.
« Demain tu seras belle, je te ferai jardin,
Que j'offrirai aux pauvres et malades du coeur,
Il faut bien que j'essaie de semer le bonheur.
Ce sera pour les autres, je ne clôturerai rien... »
Elle savait la nature, un peu de ses secrets...
Un rameau la guida vers des trésors enfouis
En pliant à l'aplomb d'une source endormie...
Puis, courbant son échine, elle se mit à piocher.
Elle bina et planta des rhizomes, des pépins,
Des graines et des bulbes délicatement triés,
Pécules de voyages par delà nos contrées,
Protégés dans des boites imbibées de satin.
La colline fécondée façonna le chef d'oeuvre,
Nourrissant les racines en son beau ventre rond,
Conjointe de la dame qui portait attention,
A la moindre fissure ou perle de sueur.
Elle eu de la patience et beaucoup d'élégance,
Pour cultiver le temps et soulever le voile.
La palette était prête pour faire naître la toile
Quand jaillit un matin un feu d'inflorescence.
Ce fut une profusion de grappes et d'ombelles,
De cymes unipares, corymbes ou capitules,
Une explosion d'iris, de myrtes de campanules,
De bosquets, de futaies, de buissons de pastel.
Communion des acanthes, santolines, romarins,
Oliviers de bohème, immortelles, magnolias,
Gaillardes et cyclamens, églantiers, forsythias,
Gentianes et anémones, lavandes et lauriers-tins.
Les pollens distillés en effluves de joie,
Dissipèrent leurs vapeurs aux vents de ce pays,
Attirant les abeilles et un flot infini,
D'écorchés de l'amour, de mendiants de la foi.
Une personne l'avait fait et ils voulaient la voir,
Une simple petite dame , dédaignant tous les gains,
Si frêle et si menue, leur ouvrait le chemin.
Une personne l'avait fait, dès lors ils pouvaient croire.
Les hommes se sont repus de rêves et d'espoirs.
Les uns se délectèrent de nectars savoureux,
Les autres dégustèrent de beaux fruits d'or juteux.
Tous c'en sont repartis pour refleurir les soirs.
A ma Mère,
A Annie Amoretti,
Aux jardiniers
Grégory Goffin Ouakam, le 31 Janvier 2008