L’écorce rude et chaude de l’arbre sous mes mains.
La plus haute branche possible. Loin, ailleurs, presque
A toucher le ciel.
Plus de bruits lourds, plus d’ennui.
Le bleu, les nuages, le vent dans les feuilles.
Je suis le lierre vert aux senteurs automnales.
Je souris aux histoires qui chantent à l’intérieur de moi.
Le monde, je n’en parle pas ; je le dessinerais de travers. Les gens…
Enfant, j’étais conteur plutôt que personnage, je disais : les méchants sont des gentils qui
s’ignorent
Et, inversement.
Et.
Vois :
Là.
J’arrive le cœur sec et les mains pleines de rien
L’écorce de l’arbre a disparu sous mes mains
Et le vent et le ciel
Loin, ailleurs, presque
A toucher la terre
Conte :
C’est l’histoire d’une source tarie qui ne chante ni ne pleure
C’est l’histoire de ceux qui n’entendent plus que le fracas du silence
L’histoire d’âmes mortes qui font semblant de vivre
L’histoire aussi de cœurs qui sont tristes qu’on les ait fabriqués avec du sable
C’est l’histoire d’une indifférence pesante, jour après jour plus insupportable, plus insurmontable,
invivable
C’est l’histoire de ceux qui ne savent pas être au monde
C’est l’histoire de ceux qui savent tout expliquer, rien ressentir
C’est l’histoire de ceux qui n’ont pour donner le peu de bon qui est en eux que quelques mots pitoyables qu’ils
abîment
C’est l’histoire de ceux qui pleurent sans savoir pourquoi et qui ne pleurent pas quand il le faudrait
peut-être
C’est l’histoire de ceux qui ne savent pas être humains
J’arrive le cœur sec et les mains pleines de rien
L’écorce de l’arbre a disparu sous mes mains
Et le vent et le ciel
Loin, ailleurs, presque
A toucher la terre
Conte :
Sur la terre,
La chaleur des mains
Le sucre humide des lèvres
L’éveil des morsures et la force
De l’étreinte
Le corps comblé j’ai les larmes aux yeux
Chaleur, Sucre, Morsure, Étreinte, sans Vous, je crois…
En Vous, je crois.
Presqu'île " Sous l'écorce "