1064 - Ombre

Je sors au bras des ombres,
Je suis au bas des ombres,
Seul.

La pitié est plus haut et peut bien y rester,
La vertu se fait l'aumône de ses seins
Et la grâce s'est prise dans les filets de ses paupières.
Elle est plus belle que les figures des gradins,
Elle est plus dure,
Elle est en bas avec les pierres et les ombres.
Je l'ai rejointe.

C'est ici que la clarté livre sa dernière bataille.
Si je m'endors, c'est pour ne plus rêver.
Quelles seront alors les armes de mon triomphe ?
Dans mes yeux grands ouverts le soleil fait les joints,
O jardin de mes yeux !
Tous les fruits sont ici pour figurer des fleurs,
Des fleurs dans la nuit.
Une fenêtre de feuillage
S'ouvre soudain dans son visage.
Où poserais-je mes lèvres, nature sans rivage ?

Une femme est plus belle que le monde où je vis
Et je ferme les yeux.
Je sors au bras des ombres,
Je suis au bas des ombres,
Et des ombres m'attendent.


Paul Eluard " Absences "

Comments

[Njel/ Catherine O]

Ah oui Inta, ça ce serait drôlement chouette !

Merci Greg pour le cadeau :-)

[inta]

Poème de ma copine qui sera bientôt sur le site d'ABZ, avec ta photo si tu veux Greg...

[Géco]

Un grand Merci Njel ! Une photo que je t'offre en écho à ton magnifique poème !

[Njel]

Elle a dansé sur la neige au petit matin
et ses bras lentement se sont levés
portant en eux la grâce des étés
enfouis
Sa robe de soie naissant de l'aurore
Ses yeux clairs lavés par les âges
tournés vers l'enfance des montagnes
Elle a tourné,
longtemps
si légère que pas un seul de ses pas
n'a marqué
si légère qu'une à une ses épines
se sont dégrafées

Là, les mains tendres de l'aimé

Et alors, seulement alors,
enfin, les larmes ont coulé
cristaux de givre
fleurs de prairies.