Je suis monté jusqu'au " Pas de St Vincent " pour passer un
moment en compagnie des éléments. Sur le chemin, j'ai croisé "l'abri" , où plutôt ce qu'il en reste : des bûcherons l'ont détruit....la fleur est morte.....
Ephémère....éphémère....l'amertume me gagne....il faudra essayer de reconstruire....Je repense à mes anciens cours et à la loi de Lenz " Le sens du courant induit est tel qu'il s'oppose à la cause qui lui donne naissance ". J'espère que les poètes n'engendrent pas des monstres destructeurs ? Mais je ne baisserai pas les bras.
J'ai transformé ma colère en travail et malgré la pluie, mon envie de créer fut décuplée.
Tout d'abord j'ai érigé une sentinelle : Perchée à 1200 m d'altitude,elle observe
solitaire et médite. C'est la troisième proposition géopoétique que j'offre aux randonneurs de la " Marche du sel " ( et aux autres bien-sûr ) le Lundi 28 Mai.
Puis j'ai trouvé un arbre, le dernier d'une coupe immense autour duquel j'ai voulu redonner vie et faire comme un pied de nez aux tronçonneuses.....mais je vous en reparlerai plus tard.
En attendant, je vous laisse en compagnie d'une dame.....et de son silence de
pierre.....
" Assis le dos contre le tronc d'un pin, je regarde le soleil couchant, et j'écoute:
j'écoute le murmure de la mer, j'écoute le bruit du vent dans les branches. J'écoute aussi, certainement, ma conscience, ce qui en moi sait, pense, et voudrait parfois s'anéantir. Mais je
continue, je continue à écouter, jusqu'à ce que j'entende...quoi ? Ce n'est pas l'espoir que j'entends, ce n'est pas un chant, un hymne, un psaume, ce n'est presque rien. Cela ne dure pas
longtemps, mais c'est tout ce qu'il me faut. Cela me donne une base à partir de laquelle je peux continuer à exister et à travailler, à ma manière à moi. "
Kenneth White
Extrait de " La maison des marées "