" Il ne fait pour nous aucun doute que le monde de la surface, avec ses vaguelettes insignifiantes et ridicules, représente le seul paraître, le multiple, la dispersion. Il est l'espace des agitations vaines, des bavardages futiles, des visions unidimentionnelles, des paramètres de l'horizontalité ; l'espace des affirmations hâtives, unilatérales, dont s'attife le discours unique, officiel, obligatoire, empêtré de lieux communs et d'automatismes verbaux.
Et puis, il y a la profondeur ; cachée, secrète, inconnue. Un milieu indifférencié, dont les superpositions liquides permettent la verticalité. Sous le discours unique, officiel, obligatoire, glissent les mystérieux courants des quètes singulières, des possibilités créatrices, des prémices d'individuation. Société parallèle, qui puise ses références aux réserves inépuisables des vérités oubliées mais éternelles, dans tout ce que le discours unique, officiel, obligatoire, ignore, bafoue, caricature -, ou persécute......
Les gens des profondeurs se reconnaissent moins par équivalence de milieux sociaux, d'options civiques, de solidarités professionnelles, que par affinité de coeur, exigences prioritaires. S'informant des questions majeures qui fondent l'existence, ils pressentent qu'on ne leur dit pas tout, et que ce qu'on leur dit est tout, sauf l'essentiel. Ils peuvent suivre des itinéraires différents, n'être pas d'accord sur les détails, ( il ne le faut ! ) ; mais ils sont de cette vraie famille qui a nom famille d'esprits.
Rêveurs impénitents ? Originaux incorrigibles ?
Renifleurs d'utopie ?....Mais aussi, semeur d'éveil, sel du ciel et de l'espoir. "
Jean Biès
Extrait de " Qu'allez-vous faire de vos vacances ? "